Pétition de l’Association pour la qualité de la science française (QSF)

pour l’amendement de la loi sur les universités

le 6 juillet 2007

 

La loi dont le Parlement va débattre donne plus d’autonomie et de responsabilité aux universités : l’émulation qui en résultera les encouragera à l’excellence ; on ne peut donc qu’approuver le principe du projet. Il demeure que les rédacteurs de ce texte qui, dans son ultime version, fait la part belle aux recommandations de la Conférence des présidents d’université (CPU) et aux revendications de l’Unef, semblent parfois prendre insuffisamment en compte la spécificité des universités, qui ne sont pas des entreprises mais des établissements d’enseignement et de recherche : tandis que les pouvoirs du président sont considérablement renforcés, les responsabilités propres aux enseignants-chercheurs sont dangereusement affaiblies. Afin de permettre un rééquilibrage et de conjurer tout risque d’arbitraire, les soussignés demandent instamment aux parlementaires qui auront à discuter et voter le projet de l’amender sur les points suivants.

 

Le président. Il est certes légitime qu’il voie ses pouvoirs accrus. Encore faut-il qu’ils ne deviennent pas exorbitants. La formule selon laquelle il a « autorité sur l’ensemble des personnels » (art. 6) contredit manifestement le principe constitutionnel d’indépendance des professeurs, reconnu par le Conseil constitutionnel en 1984 : il est donc nécessaire que cette affirmation abrupte soit nuancée. Mais elle souligne du même coup toute la difficulté qu’entraîne la possibilité que le président ne soit pas nécessairement professeur. Dès lors qu’il préside le conseil scientifique et qu’il a la haute main sur les crédits de recherche, il est indispensable qu’il le soit.

 

On peut se montrer par ailleurs inquiet qu’aucune disposition ne permette, dans la loi, de contrôler les décisions d’un président qui ne consulterait pas les diverses composantes de son université et ne respecterait pas la collégialité : les étudiants seraient alors les premières victimes de cette politique erratique. Il est donc nécessaire de prévoir que le président cesse d’exercer ses fonctions si une motion de défiance rassemble les deux tiers des voix du conseil d’administration. Dans ce cas, le conseil, sur convocation de son doyen d’âge est, dans le mois qui suit, appelé à élire un nouveau président.

 

Le conseil d’administration. Dans le projet initial, le conseil était composé de vingt membres ; il peut désormais en comprendre trente, mais les universitaires y sont toujours insuffisamment représentés. Le mode de désignation de ces membres est, d’autre part, dangereux. Il est prévu que les membres intérieurs – professeurs, autres enseignants-chercheurs, personnels, étudiants – soient élus au scrutin de liste dans chaque collège, sans panachage, avec prime majoritaire. Les listes seront souvent des listes syndicales et le conseil s’en trouvera fatalement politisé.

 

Si l’on considère que les membres du conseil doivent être mandatés pour leur compétence et leur indépendance d’esprit, et non pour leur affiliation à un quelconque groupe, ce n’est pas cette espèce de vote bloqué qu’il convient de proposer. Il serait bien plutôt souhaitable que l’élection s’effectue au scrutin plurinominal majoritaire à deux tours. En tout cas, la prime majoritaire (inspirée des élections municipales) qui consiste, dans les collèges des enseignants-chercheurs, à attribuer la majorité des sièges à la liste arrivée en tête, accroît le danger de voir un seul courant obtenir une majorité automatique, notamment dans la constitution des comités de sélection : cette disposition doit impérativement être supprimée de la loi. 

 

Quant aux membres extérieurs, il est souhaitable que les représentants du monde économique et des entreprises relèvent d’un champ d’activité qui soit lié aux domaines de formation et de recherche de l’université.

 

Les comités de sélection. À juste titre, leur mise en place vise à entraver le localisme, qui est la plaie des universités françaises. Le moyen le plus sûr d’y faire obstacle est d’exiger que les nouveaux maîtres de conférences n’aient pas soutenu leur thèse dans l’université qui les recrute et que les nouveaux professeurs n’y aient pas assuré les fonctions de maître de conférences. Échappent naturellement à cette règle les professeurs recrutés par le concours national de l’agrégation du supérieur.

 

Il est prévu que le comité de sélection créé pour chacun des emplois à pourvoir comprenne 50 % de membres extérieurs à l’établissement. La composition de ce comité ne doit pas relever du conseil d’administration, mais, puisqu’il s’agit d’une sélection scientifique, du conseil scientifique réuni en commission restreinte aux enseignants-chercheurs. Les membres du comité, enfin, doivent obligatoirement être d’un rang au moins égal à celui de leur futur collègue.

 

Pour respecter le principe de collégialité et pour offrir à la procédure de sélection une garantie supplémentaire, la proposition du comité doit être soumise au collège des professeurs et, le cas échéant, des maîtres de conférence de la même section du CNU. En cas de différend entre le comité et ce collège, le conseil scientifique analyse les causes de cette appréciation divergente. En cas de divergence persistante, le poste n’est pas pourvu.

 

Quant aux agents contractuels appelés, de manière permanente ou non, à occuper des postes d’enseignement ou bien des emplois scientifiques sur les ressources propres de l’établissement, leur recrutement doit relever de la même procédure. Les professeurs sélectionnés par le concours national d’agrégation ne relèvent pas de la compétence du comité de sélection. Enfin, le droit de veto du président sur la nomination d’un enseignant-chercheur doit être supprimé : en revanche, un vice de forme dans la procédure de recrutement peut justifier qu’une élection se trouve cassée par un vote du conseil d’administration.

 

Le conseil scientifique. Rien ne justifie que ses prérogatives se trouvent rognées. Il doit conserver la responsabilité qui lui est actuellement reconnue de décider collégialement des promotions des enseignants-chercheurs. C’est à lui que doit également revenir, par un vote encore collégial, la décision d’attribuer des primes et de moduler les services, et non pas au seul président qui – sans parler du risque évident d’arbitraire ou de clientélisme – n’aurait pas nécessairement compétence pour évaluer les mérites scientifiques de collègues dont la discipline n’est pas la sienne. En revanche les primes administratives restent du ressort du conseil d’administration.

 

L’autonomie. Il paraît nécessaire que soit rétabli l’article 18 finalement supprimé, qui disposait que le conseil d’administration doit définir les conditions dans lesquelles les étudiants sont admis à entrer en Master. Plus largement, l’autonomie réelle des universités appellera une évaluation fiable et régulière grâce à laquelle le financement des formations et de la recherche sera directement lié aux performances de l’université.

 

Reste que cette politique ne sera efficace que si d’autres réformes sont engagées. C’est se leurrer que de considérer le baccalauréat comme un diplôme suffisant pour assurer le succès des élèves qui deviennent étudiants : le taux d’échec très élevé dans le premier cycle atteste le contraire. Les universités ne parviendront donc à l’efficacité que si l’enseignement primaire et secondaire est réformé pour dispenser une formation plus solide et permettre une meilleure acquisition de tous les savoirs fondamentaux – et d’abord une meilleure maîtrise de la langue : ce doit être une priorité absolue pour le gouvernement. Elles n’y parviendront pas, enfin, sans que la situation des universitaires soit revalorisée et élevée au niveau que des pays comparables au nôtre leur assurent.

 

POUR SIGNER CETTE PETITION, CLIQUEZ ICI : JE SIGNE LA PETITION ET ECRIVEZ VOTRE NOM, VOTRE FONCTION ET VOTRE UNIVERSITE D'APPARTENANCE.

Ou bien écrivez un message à qsf1@orange.fr

 

La liste des premiers signataires:

 

Pierre Merlin, Paris I
Antoine Compagnon, Collège de France
Michel Jarrety, Paris IV
Pierre Schapira, Paris VI
Olivier Beaud, Paris II
Jean El Gammal, Nancy II
Alain Ghozi, Paris II
Paolo Tortonese, Paris III
Sophie Basch, Poitiers, IUF
Marie-Christine Bellosta, ENS, Paris
Pierre Jourde, Grenoble III
Elyès Jouini, Paris-Dauphine
Claudio Galderisi, Poitiers
Sophie Roux, Grenoble II, IUF
François Loeser, ENS, Paris
Patrick Dandrey, Paris IV
Stéphane Macé, Grenoble III
Michel Fichant, Paris IV
Élisabeth Pinto-Mathieu, Paris XII
Cécile Moiroud, Paris I
Michel Nusimovici, ENS, Cachan
Dominique Fenouillet, Paris II
Yves Laszlo, Paris VI
Boris Doval, Paris II
Jean-Christophe Abramovici, Valenciennes
Guillaume Leyte, Paris II
Joseph Urbas, Bordeaux III
Jérôme Thélot, Lyon III
Jean-François Louette, Paris IV
Éric Marty, Paris VII
Matthieu Cassin, IRHT, Paris IV
Pierre Mayer, Paris I
Claude Perez, Aix-Marseille I
Patrick Dehornoy, Caen
Richard Trachsler, Paris IV
Dominique Boutet, Paris IV
Raymonde Vatinet, Paris V
Thierry Garcia, Nice
Camille Esmein, Nice
Géraldine Veysseyre, Paris IV
Hugues Marchal, Paris III
Thierry Bonneau, Paris II
Barbara Meazzi, Chambéry
Luc Davenne, Paris X
Michel Delon, Paris IV
Alexandre Gefen, Bordeaux III
Jean-Louis Jeannelle, Paris IV
Danièle James-Raoul, Bordeaux III
Matthieu Dubertret, Paris II
Stéphane Torck, Rouen
Patrick Wachsmann, Strasbourg III
Gabriel Conesa, Reims
Christine Ferlampin-Acher, Rennes II
Marc Baratin, Lille III
Armand Strubel, Montpellier III
François Suard, Paris X
Pascal Thomas, Toulouse III
André Guyaux, Paris IV
Anne-Marie Le Pourhiet, Rennes I
Florence Naugrette, Rouen
Messaoud Saoudi, Lyon II
Jacques Le Rider, EPHE
Pierre-Louis Rey, Paris III
Laurence Plazenet, Paris IV
Bernard d’Alteroche, Reims
Jacques Dupont, Versailles Saint-Quentin
Philippe Thery, Paris II
Evelyne Lagrange, Rennes I
Sophie Albert, Paris VII
Jean Flori, CNRS
Jean-Raymond Fanlo, Aix-Marseille I
Jean-Yves Tadié, Paris IV
Laurent Thirouin, Lyon II
Michel Viel, Paris IV
Claude Cibils, Montpellier II
Marie-Élodie Ancel Paris XII
Catherine Resche
Beïda Chikhi, Paris IV
Frédéric Lambert, Paris II
Sylvie Lefèvre, Tours
Alain Schaffner, Paris III
Danièle Ghesquier-Pourcin, CNRS
Charles Jarrosson, Paris II
Henri Mitterand, Paris III
Tristan Azzi, Paris V
Gérard Cahin, Rennes I
Camille Laville, Nice
Giuseppe Longo, CNRS
François Etner, Paris-Dauphine
Pierre Laszlo, École polytechnique
William Marx, Orléans, IUF
Françoise Leriche, Grenoble III
Pierre Gilles Lemarié-Rieusset, Évry
Marie-Paule Berranger, Caen
Sadi Lakhdari, Paris IV
Guy Gest, Paris II
Alain Génetiot, Nancy II
André Castaldo, Paris II
Christophe Martin, Paris X
Jérôme Germoni, Lyon I
Béatrice Bonhomme, Nice
Diego Venturino, Metz
Jean-Claude William, Antilles-Guyane
François Laroque, Paris III
Dimitri Soenen, Marne-la-Vallée
Pierre-Vincent Koseleff, Paris VI
Jean-Yves Masson, Paris IV
Alain Bernard, Pau
Pierre Ronzeaud, Aix-Marseille I
Jean-Charles Darmon, ENS, Paris
Sébastien Rouquette, Clermont-Ferrand II
Jacques Bouineau, La Rochelle
Michel Braud, Pau
Jean-Claude Larrat, Caen
Hélène Merlin-Kajman, Paris III
Denis Kambouchner, Paris I
Jean-Pol Madou, Chambéry
Delphine Denis, Paris IV
Florent Gaudez, Toulouse II
Hans Harje, Pau
Gilles Philippe, Grenoble III, IUF
Armel Le Divellec, Le Mans
Didier Alexandre, Paris IV
Michael Soubbotnik, Marne-la-Vallée
Dominique Vaugeois, Pau
Jean-Christophe Saint-Pau, Bordeaux IV
Stéphane Chaudier, Saint-Étienne
Isabelle Pantin, Paris X
Wladimir Troubetzkoy, Versailles Saint-Quentin
Jean-Marc Houpert, Tours
Brigitte Basdevant, Paris XI
Allix Tubman-Mary, Poitiers
Marc Dambre, Paris III
Emmanuelle Kaes, Tours
Claude Basdevant, Paris XIII
Lionel Mary, Paris X
Didier Souiller, Dijon
Jean-Michel Gouvard, Bordeaux III
Jean-Pierre Longre, Lyon III
Jacques Thépot, Strasbourg
Michel Zink, Collège de France
Estelle Doudet, Lille III
François Jankowiak, Paris XI
Vincent Thomas, Dijon
Soazick Kerneis, Paris X
Nicolas Burq, Paris XI
Nicolas Roy, Université Humboldt, Berlin
Jean-Patrick Guillaume, Paris III
Chantal Grell, Versailles Saint-Quentin
Marie Blaise, Montpellier III
Laura Kendrick, Versailles Saint-Quentin
Stéphane Rials, Paris II, IUF
Pierre-Marie Dupuy, Paris II
Francine Mora, Versailles Saint-Quentin
Jean-Philippe Grosperrin, Toulouse II
Laurent Pinon, ENS, Paris
Jean-Benoît Bost, Paris XI, IUF
Anne Richardot, Lille III
Pascale Alexandre, Marne-la-Vallée
Michèle Aquien, Paris XII
Jean-Pierre Martin, Artois
Martial Mathieu, Grenoble II
Yvonne Flour, Paris I
Pierre Chuvin, Paris X
Thierry Granger, Paris-Dauphine
Stephen Launay, Marne-la-Vallée
Yves Mayaud, Paris II
Bénédicte Louvat-Molozay, Montpellier III
Bernard Audit, Paris II
Hélène Védrine, Paris IV
Michel Merle, Nice
Nathalie Dauvois, Toulouse II
Pierre Caye, CNRS
Gilles Duval, Bordeaux III
Mohan Halgrain, Paris IV
Pierre Citti, Montpellier III
Yinsu Vizcarra, Caen
Gérard Ferreyrolles, Paris IV
Cécile Hussherr, Marne-la-Vallée
Jacques Petit, Rennes I
Jean-Pierre Demailly, Grenoble I
Bertrand Ancel, Paris II
Jacky Hummel, Rennes I
Laurent Lévy, Grenoble I
Dominique Spehner, Grenoble I
Emmanuel Auclair, Nantes
Ada Savin, Versailles
Yves Reboul, Toulouse II
Claude Blumann, Paris II
Bertrand Seiller, Paris II
Luc Heuschling, Lille II
Yves Lequette, Paris II
Hélène Charpentier, Pau
Marie-France Chambat-Houillon, Paris III
Jean-Marie Plazy, Bordeaux IV
Eric Gasparini, Marseille III
Philippe Raynaud, Paris II, IUF
Claude Habib, Lille III
Jean-Pierre Poly, Paris X
Joëlle Ducos, Paris IV
Nathalie Froloff, Tours
Serge Linares, Rouen
Robert Rakocevic,
Ivar Ekeland
Maria J. Esteban, Paris –Daupnine, CNRS
Véronique Pinson-Ramin
Daniel Pecker, Paris VI
Patrick Née, Poitiers
Marie-Annick Gervais-Zaninger, Nancy II
Jean Dolbeault, CNRS, Paris-Dauphine
Eric Séré, Paris-Dauphine
Patrizia Donato, Rouen
Jean-Claude Beaune, Lyon III
Michel Kohlhauer, Chambéry
Jully Jeunet, CNRS, Paris-Dauphine
Mohamed-Ali Aloulou, Paris-Dauphine
Thierry Gontier, Lyon III
Serge Sur, Paris II
Roselyne Letteron
Marie-Hélène Boblet, Paris III
Jean-Louis Cabanès, Paris X
Pierre Dufief, Brest
Marie Martin, Paris X
Peter van der Beek, Grenoble I, IUF
Mireille Gettler Summa, Paris-Dauphine, CNRS
Véronique Pinson-Ramin, Paris V
Antoine Chambert-Loir, Rennes I
Judith Rousseau, Paris-Dauphine
Gérard Jaouen, ENSCP, IUF
Pierre Glaudes, Toulouse II
Patrizia Lombardo, Genève
Gérard Gengembre, Caen
Didier Philippot, Paris III
Véronique Benzaken, Paris XI
Isabelle Catto, Paris-Dauphine, CNRS
Olivier Massin, Genève, Aix-Marseille
Pierre Frantz, Paris IV
Denise Boyer, Paris IV
Dominique Combe, Paris III
Jean-Louis Harouel, Paris II
Anne Mantero, Besançon
Guy Ducrey, Strasbourg II
Frédéric Faure, Grenoble I
Romuald-Blaise Fonkoua, Strasbourg II
Laurent Véron, Tours