Élections au CNESER – 20 mars 2007
Association pour la Qualité de la Science
française (QSF)
QSF, association créée
en 1982, a pour mission de défendre et de promouvoir l’inventivité et la
qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche en France, conditions de
la compétitivité de la science, de la croissance de l’économie, et de la vie de
la culture.
S’il revient aux
organisations syndicales d’assurer la défense collective et individuelle des
universitaires, QSF milite pour que les évaluations et les décisions scientifiques
soient fondées sur des critères scientifiques.
La formation supérieure de la majorité d’une classe d’âge est un défi pour
notre pays. Or le
coût d’un étudiant dans les universités, ou même dans les IUT, est
scandaleusement inférieur à celui d’un lycéen dans le secondaire, les classes
préparatoires aux grandes écoles, ou les sections de techniciens supérieurs
(STS). La France est seulement au 15e rang de l’OCDE
pour la dépense par étudiant, sans compter le gaspillage que constitue l’échec disproportionné
en premier cycle (20 % des étudiants quittent nos universités sans diplôme).
L’amélioration du taux d’encadrement, l’augmentation du nombre et du montant
des bourses, et la mise aux normes des bâtiments sont des urgences nationales.
Tous les classements internationaux le montrent : nos universités sont
pénalisées non seulement par leur faible financement, mais aussi par leur éclatement
géographique et par leur limitation disciplinaire. Des considérations d’aménagement
du territoire ont trop souvent présidé à la prolifération des établissements – ou
même à la sélection récente des Pôles de recherche et d’enseignement supérieur
(PRES) et des Réseaux thématiques de recherche avancée (RTRA) –, au détriment
de l’excellence scientifique et de la mobilité des étudiants. Le passage au LMD
(Licence, Master, Doctorat) a encore accru les handicaps structurels des
universités, qui y ont perdu leur monopole de la collation des grades, les
grandes écoles et les moins grandes s’étant mises à décerner des diplômes qui
confèrent les mêmes grades.
Un remembrement et un renforcement de la carte universitaire s’imposent pour rétablir de vraies
universités complètes à l’identité discernable – mais non pas des universités surdimensionnées,
les meilleurs établissements mondiaux étant tous de taille moyenne. QSF est
favorable à l’institution de collèges de niveau L. Des conventions lieraient ces
collèges et les universités responsables de la poursuite des études, ainsi que
les enseignants des collèges et les centres de recherche des universités.
Pour des diplômes lisibles et une formation à long terme
Le passage au LMD, au nom de l’harmonisation européenne, loin d’atténuer l’opacité de l’offre
de formation en France, l’a épaissie au contraire. Le nombre des filières et
des diplômes a été déraisonnablement multiplié. Un seul exemple : plus de 1200
licences « pro » aux intitulés étroits ont été créées depuis 1999. L’inflation des diplômes doit cesser.
Depuis vingt ans, la
surpopulation des filières générales des universités, sans rapport avec les
débouchés, a provoqué la dévaluation des diplômes. Les bacheliers capables de suivre des études longues évitent les premiers
cycles universitaires et intègrent les IUT à défaut des classes préparatoires,
tandis que les universités sont contraintes d’accueillir les bacheliers qui
n’ont pas été acceptés ailleurs. L’absence de sélection ouverte et d’orientation
appropriée, principale cause de l’échec d’un grand nombre d’étudiants d’origine
modeste dans les universités, revient à une sélection dissimulée réservant les
grandes écoles aux enfants des milieux favorisés. Face à des diplômes dévalués,
le marché de l’emploi opère une nouvelle sélection selon les relations, donc
selon les origines sociales. QSF est pour une orientation efficace, sélective et équitable des étudiants.
QSF s’inquiète de la tendance à
la spécialisation prématurée des cursus universitaires sous couvert de
professionnalisation, ainsi que de la volonté de caler l’enseignement supérieur
sur le marché de l’emploi à court terme au détriment de la formation générale. Les
jeunes d’aujourd’hui changeront quatre ou cinq fois de métier durant leur vie
active. L’enseignement supérieur ne peut pas viser leur seule insertion
professionnelle immédiate. La formation
initiale, parce qu’elle se conçoit désormais comme une préparation à la
formation tout au long de la vie, doit,
quelle qu’elle soit, et courte ou longue, se
faire aussi large et compréhensive que possible, car seul l’enseignement
général apprend à apprendre seul.
La qualité des recherches menées
dans les grands organismes (CNRS, Inserm, EPST, etc.) a démontré leur
légitimité : QSF est attaché à leur
maintien. Ces organismes sont étroitement liés aux universités où est conduite,
notamment dans les laboratoires associés, l’essentiel de la recherche
fondamentale. Mais les crédits de recherche des universités ne reflètent pas
l’importance de la recherche qui s’y fait ; leurs moyens en personnel
technique et administratif sont insuffisants ; leurs bibliothèques restent
pauvres.
QSF juge opportun que le financement de la recherche se fasse en partie sur
projets (ANR), mais à deux conditions : que le financement des structures reste
adéquat ; que la proportion des projets blancs soit substantielle. QSF souhaite
que l’évaluation des unités comme des personnels soit unifiée à moyen terme, que
ceux-ci relèvent des organismes ou des universités, afin que la mobilité entre
l’enseignement et la recherche devienne la norme. QSF juge insuffisants les dispositifs de convergence entre universités
et organismes prévus par la loi sur la recherche, notamment en matière d’évaluation
des unités (AERES), de recrutement des enseignants et des chercheurs, et de
gestion des carrières.
Les conditions
matérielles de l’enseignement et de la recherche en France restent très
inférieures à celles des grandes universités étrangères. Les meilleurs cerveaux
d’une génération ne seront pas attirés vers l’enseignement et la recherche si
un système de « post-docs » attrayants n’est pas institué, si les
salaires ne sont pas réévalués (20 % de perte de pouvoir d’achat des
enseignants-chercheurs depuis 25 ans), alors que les services d’enseignement,
les charges d’examen et les responsabilités administratives s’alourdissent.
QSF a toujours
soutenu qu’une contribution significative à la recherche devait entraîner une
réduction des charges d’enseignement. QSF
défend la modulation pluriannuelle individualisée des obligations de service entre
enseignement et recherche en fonction de la productivité et de l’inventivité.
Depuis 1990, les
primes et l’Institut universitaire de France (IUF) ont amorcé une
reconnaissance de la recherche. Le déblocage des carrières par un nombre
suffisant de promotions devrait la poursuivre. L’institution de dotations
individualisées pour la recherche, l’augmentation du nombre des congés de
recherche et des échanges avec les établissements étrangers et les organismes
de recherche, la mise en conformité des bibliothèques aux standards
internationaux sont des priorités pour motiver et inciter à l’excellence.
Pour des universités autonomes et responsables
QSF a toujours
soutenu qu’une véritable autonomie des universités dans le cadre du service
public était la condition de leur dynamisme et de leur capacité à rivaliser
avec les établissements étrangers. Cette autonomie suppose la responsabilité,
c’est-à-dire la compétition entre les universités françaises dans la poursuite
de la qualité scientifique et pédagogique, afin que les établissements soient
comptables de leurs décisions – bonnes et mauvaises – de gestion, de
financement, de pédagogie, de recrutement ou de recherche.
QSF est favorable à un renforcement de la gouvernance des
universités. Le président, élu par un collège où les universitaires seraient
majoritaires, conduirait une politique à long terme pour son établissement. Le
conseil d’administration deviendrait un conseil d’orientation stratégique et ne
ressemblerait plus à un comité d’entreprise.
QSF a approuvé la
contractualisation pluriannuelle engageant les universités comme le ministère,
mais la contractualisation n’a pas suffi à piloter le système. Le complément
indispensable de la contractualisation et de l’autonomie est l’évaluation
régulière des universités et surtout la prise en compte systématique des
évaluations dans les décisions.
QSF estime que la concurrence des universités – concurrence ouverte et non occulte comme elle l’est
aujourd’hui – est la condition du progrès de toutes. QSF est favorable aux expérimentations ou dérogations qui permettront aux
universités mûres pour un statut d’autonomie et de responsabilité d’en bénéficier
sans attendre que toutes le soient.
Notre liste a été composée dans un souci d’équilibre géographique et
disciplinaire. Les élections au Cneser sont caractérisées par une forte
abstention. Nous vous proposons une liste indépendante et collégiale. Notre
exigence de qualité n’est pas un slogan : nos élus veilleront à l’excellence et à la diversité de l’enseignement
supérieur et de la recherche en France.
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