Compte rendu de la séance du CNESER du 9 novembre 2005
consacrée à l’examen du projet de loi « Pacte pour la recherche »
Jacques Thépot
Représentant
suppléant QSF au CNESER
La séance s’est déroulée en
présence de François Goulard, ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à
la Recherche. Celui-ci est intervenu longuement pour défendre le texte. Le
ministre a plus particulièrement insisté sur quatre éléments du dispositif
proposé :
- Le Haut
comité de la science et de la technologie ne fonctionnera pas sur
la base d’une représentativité nationale, comme le Conseil économique et
social par exemple. Il sera composé de vingt hommes et femmes de science
du plus haut niveau. Son rôle est d’exprimer un avis sur les grandes
questions de recherche.
- En matière d’évaluation, l’Agence pour l’évaluation
de la recherche (AER) aura pour mission l’unification des règles de
l’évaluation en vigueur dans les universités et les grands établissements
scientifiques. Cette évaluation sera une évaluation par les pairs mais elle
s’appuiera sur les systèmes d’évaluation existants.
- La coopération entre les établissements sera
renforcée par la création des pôles de recherche et d’enseignement
supérieur.
- L’Agence nationale pour la recherche (ANR) aura
pour mission d’afficher des priorités de recherche. Les moyens qui lui
sont attribués dans le cadre des appels d’offre sont des moyens
supplémentaires.
Le ministre a signalé enfin que l’effort budgétaire
annoncé ne comportait pas d’engagement au-delà de 2007. Selon lui, un tel
engagement n’est pas crédible compte tenu des échéances électorales prévues à
cette date.
Un débat a eu lieu. Une
déclaration émanant d’une intersyndicale regroupant notamment la FSU, le
Snesup, le SGEN et l’UNEF a manifesté son opposition au projet. La CFDT s’y est
déclarée favorable.
En tant que représentant QSF, je
me suis abstenu.
Résultat du vote : 19 pour,
21 contre, 5 abstentions.
Commentaires
- Aspects
positifs
- La recherche est considérée comme une priorité
nationale, la création d’une agence de moyens comme l’ANR va dans le bon
sens.
- Un réel effort budgétaire est réalisé sur les deux
années à venir, notamment en direction des jeunes chercheurs.
- Le principe de l’évaluation par les pairs est
affirmé explicitement.
- Aspects
négatifs
- Une conception de la recherche plus
colbertiste que jamais : tout vient d’en haut et doit se couler dans
de grandes orientations nationales et autres programmes prioritaires qui,
en général, ne font que prolonger l’existant et renforcer les groupes en
place. Ce principe pénalise des pans entiers de la recherche qui
fonctionnent sur le mode de l’interaction scientifique au sein du système
académique international.
- Par voie de conséquence, l’effort budgétaire
bénéficiera plus aux structures qu’aux chercheurs, alors que l’évaluation
en termes de publications au plan international s’effectue quasi
exclusivement au niveau individuel. A évaluation individuelle, incitation
individuelle.
- Une superposition d’instances de pilotage faisant
craindre le pire : HCST, CSRT, CIRST. Les membres du Haut comité
seront-ils à temps plein dans cette
institution ?
- L’évaluation des chercheurs et
enseignants-chercheurs restera de la responsabilité des établissements.
Le CNRS lui-même continuera à ne pas respecter le principe d’évaluation
par les pairs au Comité national (présence des CR pour le recrutement des
DR, de personnels non chercheurs pour l’évaluation des équipes) ;
évaluations non suivies d’effet parce que soumises à la décision ultime
des directions scientifiques.
- Rien n’est dit sur la rémunération des évaluateurs
intervenant pour le compte de l’ANR.
- Il n’y a pas d’engagement pluriannuel en termes
budgétaires alors que le principe de ce type d’engagement est précisément
d’échapper au cycle électoral.